
Il fut autrefois un chanteur qui raconta le soleil que les gens du Nord avait dans leur cœur. Que dire alors quand quatre musiciens venus de ces mêmes contrées nous offrent un deuxième album qui puise ses inspirations dans le southern et le heavy. Cela sent le blues, le bon rock puisé aux racines du Sud des Etats Unis, les belles mélodies accompagnées de la voix éraillée juste ce qu’il faut. Cet album nous fait remonter le temps, aux sources de cette musique qu’on aime tant. Rencontre avec Emeric, le chanteur du groupe.
Bonjour Black River Sons, vous avez sorti votre deuxième album « Skins » le 6 octobre, pouvez-vous vous présenter et me raconter l’histoire du groupe ?
Le groupe existe depuis 2016. J’ai longtemps joué dans beaucoup de tributes : Led Zep, Thin Lizzy…Puis, j’ai eu envie de refaire des compositions. J’ai donc maquetté pas mal de morceaux, et je me suis mis à la recherche d’une équipe. J’ai recontacté des musiciens que je connaissais. Le premier line up se composait d’un bassiste, un guitariste, de Vincent le batteur et moi. On a sorti un 1er EP, puis un 1er album « Poison Stuff ». Après différents changements, il reste Vincent et moi, et on vient de sortir ce deuxième album.
Comment se passe le processus de création chez vous ?
J’avais écrit tout le 1er EP et 8 morceaux sur 10 du 1er album. Pour celui-ci le travail est beaucoup plus collectif. Le bassiste qui est arrivé depuis 3 ans a écrit pas mal de morceaux. Notre ancien guitariste, qui a été remplacé depuis, en avait écrit 2. Chacun apporte son morceau sur lequel il y a déjà tous les instruments. On le retravaille, et on le joue. On maquette tout avec les outils informatiques actuels. Quand on ramène un morceau, il y a déjà la basse, la guitare et la batterie, tout est écrit et on n’a plus qu’à le rejouer tel quel.
Est-ce que cette nouvelle façon de travailler explique votre évolution ?
Non, en fait, c’est le Covid ! (rires). On était vraiment un groupe de rock sudiste. Le 1er album était un peu plus festif, fun et ensoleillé. Mais on n’a pas eu l’occasion de le défendre puisque le Covid nous est tombé dessus. Pendant le confinement, je me suis mis à réécouter des vieux Soungarden, Alice In Chains, des trucs bcp plus sombres. Et naturellement, j’ai réécrit des morceaux plus heavy
Du coup les thèmes de cet album sont plus sombres ?
Oui, mais je ne pense pas que ce soit lié à l’époque. Pour les deux premiers opus, on n’avait des paroliers qui écrivaient des textes, plus « basiques ». Ça parlait de cul, de beuveries, de bars…Fred, notre bassiste avait déjà écrit quelques textes « plus sérieux » pour « Poison Stuff ». C’est lui qui a écrit tous les textes. Et c’est forcément plus « sérieux » mais pas très optimiste.
Plus personnel peut être ?
Non, je ne suis pas sûr que ce soit plus personnel. « Skins », c’est la peau, la carapace la « sur-peau » que tu te mets pour rentrer dans les cases d’une société formatée. Sans être un concept album, il y a une déclinaison de ces thèmes tout au long de l’album.
Cet album est plus heavy que le précédent, comme avec « No Pain No Gain » et sa ligne de chant et ses choeurs, mais je trouve qu’il garde quand même ses racines southern, comme avec « Birds and Beast » un coté bluesy avec « OUT OF RANGE (belle balade et son superbe solo). J’adore le chant et son coté « éraillé ». Pour moi, cet album revient aux racines du blues et donc du rock.
Je n’écoute plus de metal. J’en ai écouté, mais maintenant, j’écoute beaucoup de blues, de country, de rock sudiste et beaucoup de prog actuelle. Mais pas les vieux Genesis, tout ça m’emmerde, même si j’aimais bien avant. J’aime bien les albums variés. Un groupe comme Airbourne, dont j’adore les tubes comme tout le monde, me fatigue au bout de 3 morceaux. Ce serait mentir de dire que c’est une somme de nos influences. On a laissé de coté d’autres morceaux qui étaient bien « southern ». On a préféré se concentrer sur des morceaux plus « heavy » mais le blues et le groove font partie de notre identité. Je suis un fan de la musique des années 70 donc qu’on retrouve sur cet album.
Du coup, quelles sont vos influences ?
Il y a pas mal de grunge, je suis fan de Soundgarden, Alice In Chains …Il y a beaucoup de Skynyrd, deuxième époque. Ils ont beaucoup de morceaux très très lourds dans leurs derniers albums. Il y a aussi Black Stone Cherry, et puis tous les groupes des 70’ Deep Purple etc…
Votre artwork est très riche et un peu façon puzzle !
Carrément ! Nos premières pochettes étaient plus que « home made » (rires). Par exemple pour « Poison Stuff » c’est Vincent qui avait trouvé le tonneau de whisky dans une brocante, qui l’avait décapé, qui avait fait le pochoir. C’est vraiment le tonneau tel qu’il existe ! Pour « Skins » on voulait une pochette un peu plus travaillée et on est donc passé par un créateur. Il s’appelle François Parmentier et travaille avec d’autres grands noms, plus du monde de la variété que du rock. Mais Vincent le connaît. On lui a donné le concept de l’album, fait écouter deux/trois morceaux. Il nous a fait 8/9 propositions et on a gardé celle là qui correspond à ce qu’on voulait. Ce sont des collages de plusieurs images et non une création numérique.
Vous avez vraiment voulu vous démarquer d’une pochette « classique » ?
Oui, carrément ! On était identifiés « southern rock », et celui-ci l’est moins. On voulait quelque chose qui soit plus « mainstream ».
Quatre ans entre les deux albums, Covid mis à part, vous avez pris plus de temps pour cet album ?
On est naturellement long ! On est amateurs et on travaille au fil de l’eau. Si un jour, on passait un cap supérieur qui nous oblige à travailler très rapidement, on pourrait le faire. Mais là on a pris notre temps comme on l’avait déjà fait pour les deux opus précédents.
On joue 2, 3 fois par mois, ce qui implique d’enregistrer entre les concerts, le boulot et la vie de famille, ce qui ne nous laisse pas beaucoup de temps
Puisque vous tournez beauccoup, est ce que ça influence votre façon d’écrire ?
Non, pas en ce qui me concerne. Quand j’écris une chanson, si elle est bien jouée en toute logique elle doit bien passer sur scène.
Ça ne veut rien dire pour moi un groupe de live. Je ne vais jamais voir un groupe si je ne l’ai pas écouté et découvert avant. J’aime bien écouté un album de A à Z. Je n’ai pas de playlist. Je découvre un groupe et j’écoute tout. J’aime plus la musique que le show en lui-même. Quand je vais voir un concert, je veux que ça joue bien, que ce soit carré et je n’ai pas besoin de lasers. Je n’en ai rien à faire que le mec me raconte sa vie sur scène, et qu’il soit sympa avec le public.
Vous êtes chez Music-Records, comment s’est faite la rencontre avec le label ?
Je leur ai envoyé tout simplement notre premier EP en leur disant qu’on avait un album en cours et que ce serait cool d’avoir un label.
Mon petit doigt m’a dit qu’il y avait une chanson bonus sur l’album « Lone boy »
Il a été écrit et chanté par notre ancien guitariste qui nous a accompagné pendant 6 ans. On trouvait normal qu’il fasse partie du digipack, d’autant plus que si on presse un vinyle, on n’aura pas la place de le mettre.
Il faut donc acheter le CD !
Oui, même si on vend plus de t-shirt que de CD en concert. Ceci étant dit, on largement atteint notre objectif de précommandes. Mais aujourd’hui les plateformes numériques sont indispensables pour être découverts !
Comment allez vous défendre cet album ?
On a fait pas mal de concerts cette année. On a quelques dates en 2024., et on espère que la sortie de l’album nous permettra d’accéder à d’autres scènes.