CHRONIQUE DU NOUVEL EP DE SOILWORK : ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE.

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Note de la rédaction :
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CHRONIQUE DU NOUVEL EP DE SOILWORK : ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE.
CHRONIQUE DU NOUVEL EP DE SOILWORK : ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE.

LA RELIGION EST LE SOUPIR DE LA CRÉATURE ACCABLÉE, LE COEUR D’UN MONDE SANS CŒUR, COMME ELLE EST L’ESPRIT D’UNE ÉPOQUE SANS ESPRIT. ELLE EST L’OPIUM DU PEUPLE.

KARL MARX

MAIS PEUT-ON S’EN PASSER ET LA REMPLACER PAR DES ÉLÉMENTS NATURELS OU ARTIFICIELS ?

Pour beaucoup d’artistes actuels, la pandémie mondiale est une occasion rêvée pour poser une réflexion plus profonde sur la condition humaine et son avenir, sur une planète déjà en si piteux état. Une remise en question personnelle, mais aussi artistique dont SOILWORK s’est vu encore enrichi déjà depuis quelques mois. Des thématiques spirituelles, mais aussi sociétales qui touchent et questionnent grandement notre guitariste/compositeur DAVID ANDERSSON. De fortes interrogations, sans pouvoir prétendre y donner une réponse affirmative bien entendu. Un monde voué à disparaître, englouti par les flots comme le fût l’ATLANTIDE (l’île mythique évoquée par PLATON), ou qui saura se relever d’une situation dramatique pour donner à sa descendance un avenir bien plus radieux?

CHRONIQUE DU NOUVEL EP DE SOILWORK : ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE.

Ce "A WHISP OF THE ATLANTIC" (EP long de plus de trente-cinq minutes) semble avoir deux objectifs. L’un plutôt philosophique, en suscitant la réflexion sur des sujets brûlants, graves et délicats. L’autre, plutôt artistique, avec un SOILWORK ayant l’impression de toujours devoir prouver qu’il fait bel et bien parti des très grands (ce qui a toujours été le cas pour moi) du paysage metallique. Un nouveau disque dont le leadership a été pris par DAVID ANDERSSON, aussi bien dans les compositions qu’évidemment dans les paroles. Un musicien sensible, animé d’une réelle passion pour l’entité SOILWORK, et qui sur "A WHISP OF THE ATLANTIC" espère pouvoir démontrer toute l’étendue stylistique du talent immense du géant suédois.

CHRONIQUE DU NOUVEL EP DE SOILWORK : ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE.

Cinq morceaux dont l’éponyme « a whisp of the atlantic » (quel riff !) qui introduit la nouvelle œuvre, sur une longue épopée progressive de plus de seize minutes (16:28) qui tend à répondre d’entrée au jeu aux détracteurs fous des scandinaves. Un SOILWORK au talent indéniable et capable de tout, déjà depuis fort longtemps, et encore plus aujourd’hui. Un très long titre, débutant fabuleusement "A WHISP OF THE ATLANTIC", principale attraction de ce nouvel EP, mais pas seulement. Ayant pour camarades de jeu, l’excellence du tryptique THE FEVERISH TRINITY (une trilogie conceptuelle de singles centrée sur l’idée des émotions et des aspirations réprimées, et accompagnée de vidéos célébrant les DÉESSES DE LA MORT BABYLONIENNES), incluant « Feverish », « Desperado » et « Death Diviner », suivie d’une première nouvelle composition The Nothingness And The Devil » sortie le 23 octobre 2020 (la deuxième étant bien évidemment « A Whisp Of The Atlantic », mise en lumière à la sortir du EP, le 04 décembre).

Un SOILWORK qui avec "A WHISP OF THE ATLANTIC" se joue encore d’avantage des limites du cadre habituel posé par le DEATH MELODIQUE, le dynamitant de toute part par des structures parfois totalement opposées à son socle de base. Ce qui de tout temps à toujours fait de SOILWORK un groupe original et unique en son genre. Constamment à prendre grandement soin d’être extrêmement mélodique et d’y faire immerger (dans sa musique) son affect pour la pétulance des classiques du heavy et de la pop des années 80 (un hommage bien plus évident encore sur THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, projet parallèle du duo ANDERSSON/STRID).

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Toutes ces caractéristiques bien spécifiques au groupe sont parfaitement mises en exergue dans le nerveux « Feverish ». Un SOILWORK agressif, avec un BASTIAN THUSGAARD (batterie) parfois ultra rapide et percutant, et où STRID lamine les esprits avec un refrain jubilatoire clair/obscur. Un morceau capable de combiner agression sonore et intro au clavier lumineuse et spatiale sur des accords de guitare empreints de réverbe. Un « Feverish » ayant la faculté de nous faire passer par toutes les émotions, libre de finir sur des cordes classiques (Violons), tout en débutant par des couleurs retrowave, toujours avec une grande cohérence. Deux éléments que SOILWORK va carrément associer sur les premiers pas interstellaires de « desperado », au rendu plus profond et glauque, à l’image d’une bande son SF détonnante : les Suédois nous gratifient d'un vide astral subissant une énorme explosion thermonucléaire provenant de l’espace profond où un riff boulet de canon s’extirpe toujours aux côtés des éléments classiques qui s’éclipseront doucement mais totalement au profit d’un SOILWORK nettement plus frontal et traditionnel, mais tout aussi excitant.

Des leads ébouriffants, et un refrain mis en orbite par la puissance vocale (voix aiguë) du mutant BJORN STRID. SOILWORK ajoute à son DEATH MÉLODIQUE APOCALYPTIQUE, une boucle au tempo plus rock sur « Death Diviner », ponctué de quelques arrangements bluesy à la guitare bottleneck, sans pouvoir se résoudre complètement à ne pas y glisser un passage frénétique. Une musique toujours à la limite de la folie contrebalancée par des lignes de chant hypers addictives. Après la tempête, le calme s’installe pour mettre un terme à « Death Diviner », sur une ambiance acoustique et orchestrée.

THE FEVERISH TRINITY s’achève ainsi. Cependant A WHISP OF THE ATLANTIC ne prend pas fin et s’étoffe de deux titres supplémentaires et pas des moindres, avec tout d’abord « The Nothingness And The Devil ». Possédant des tons (passage ambiant, claviers) pouvant rappeler THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, bien plus burné avec des riffs très mordants, le growl entêtant de STRID, et la vitesse d’exécution monumentale du jeune THUSGAARD (quel batteur, il a intégré SOILWORK très jeune en 2016, et maintenant du haut de ses vingt huit ans il sait déjà tout faire. Et comme le dit son ancien mentor DIRK VERBEUREN (MEGADETH), BASTIAN est un surdoué). On se voit rêver et planer sur une ambiance vahiné et colorée sur la deuxième partir du titre, absolument magnifique. Tranchant littéralement avec l’autre moitié du morceau.

Les paroles questionnent fortement. Abandonner le vieux concept d’un dieu patriarcal pour un raisonnement beaucoup plus cartésien. Un monde délaissant la parole de Dieu au profit d’idoles issues de sa propre création. ENTRE LE NÉANT ET LE DIABLE, des tas de questions se posent. Un choix à faire entre l’un et l’autre, revenir aux fondamentaux, où bien chercher à savoir là où se trouve l’équilibre entre toute chose. La vidéo fait également allusion à l'émasculation d'un dieu masculin et à la façon dont le sexe ne devrait plus être un facteur religieux dans aucun discours, quel qu'il soit. Peut-être le moment de remettre en question nos croyances et d'accepter qu'aucun Dieu ne corrigera le désordre dans lequel nous nous sommes tous mis.

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Commençant par «Feverish» et se terminant par «A Whisp Of The Atlantic», (dans l’ordre de création, et non de la setlist du disque) l’ensemble du EP est un voyage, véhiculant la rage des individus, s’obstinant à rechercher quelque chose qui puisse absolument remplacer la religion. Du désir de « Feverish », de l'envie de « Desperado », du déterminisme de « Death Deviner », des perspectives et des questions de « The Nothingness and the Devil » et de l'acceptation et de la recherche spirituelle de « A Whisp of the Atlantic ».

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Et revenons justement sur cette audace dont fait preuve nos suédois préférés, en ouvrant "A WHISP OF THE ATLANTIC" par son morceau-titre eponyme de presque dix-sept minutes qui devrait même décontenancer les fans les plus ardus du groupe. Une quête de spiritualité avec en toile de fond, la thématique de l’eau, à la base de toutes formes de vie. Les textes nous proposent de traverser les péripéties de l’existence tous ensemble en trouvant quelque chose de plus inclusif que la religion. Survivre dans un monde se désagrégeant et tenter malgré tout de s’y intégrer. Une réalité néfaste que nous avons créée mais qui n’était pas vraiment faite pour nous et notre génétique de départ. Survivre pour mieux s’élever, se libérer des chaînes de la bassesse des discussions, dialogues et controverses qui pourrissent notre quotidien. Jusqu’à la libération puis l’ascension.

Un morceau fleuve qui intrigue, ayant autant de liens de parenté avec les géants du rock progressif des années 70, (le guitariste est un inconditionnel du groupe anglais GENESIS, et prend comme référence « Supper’s Ready » pour les longues pièces progressives) qu’avec la labellisation SOILWORK. Une intronisation tout en douceur sur une peinture artistique musicale liée à la l’existence de la nature et des courants marins. SOILWORK va ensuite aborder des sonorités musicales aux visages très différents et conséquents, mises à nu par la versatilité de son charismatique chanteur et l’éclectisme de ses guitaristes, prompts à décocher la moindre étincelle riffée si la transition s’y prête.

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« A Whisp Of The Atlantic » affilie à son DEATH MELODIQUE, du ROCK PROGRESSIF OLSCHOOL, du HEAVY METAL, du BLACK METAL (BASTIAN THUSGAARD nous met aux supplices en se fendant d’un blast beat foudroyant) et va même s’adonner à quelques élans JAZZY avec des phrasés de trompette. SOILWORK nous plonge dans un véritable microcosme musical qui prouve son aptitude désormais à tout appréhender, et tout explorer.

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SOILWORK a depuis longtemps dépassé la carcan restreint du DEATH MELODIQUE, il est bien plus que ça, et ne pas le considérer comme tel serait un affront pour un groupe si créatif. Il est évident que les scandinaves méritent amplement d’être plus reconnus (comme le souligne son guitariste DAVID ANDERSSON). Il a toujours su écarter de son vocabulaire musical, la stagnation, et la répétition. Ce qu’il prouve de nouveau à travers ce EP de haute volée, mais surtout avec sa pièce maîtresse. SOILWORK est une bête libre et ivre de décibels, et l’immobilisme ne fait pas parti de ses gènes. 

LINE UP:

BJORN « SPEED » STRID: CHANT
SYLVAIN COUDRET: GUITARE
DAVID ANDERSSON: GUITARE
MARKUS WIBOM: BASSE
SVEN KARLSSON: CLAVIERS
BASTIAN THUSGAARD: BATTERIE

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TRACKLIST:

01. A Whisp of the Atlantic
02. The Nothingness and the Devil
03. Feverish
04. Desperado
05. Death Diviner

DISCOGRAPHIE:

1997 : In Dreams We Fall Into the Eternal Lake (démo)
1998 : Steelbath Suicide
2000 : The Chainheart Machine
2001 : A Predator's Portrait
2002 : Natural Born Chaos
2003 : Figure Number Five
2003 : The Early Chapters (EP)
2005 : Stabbing the Drama
2007 : Sworn to a Great Divide
2010 : The Panic Broadcast
2013 : The Living Infinite
2014 : Beyond the Infinite (EP)
2015 : The Ride Majestic
2016 : Death Resonance (compilation)
2019 : Verkligheten
2019:  Underworld B-Sides (EP)
2020:  A WHISP OF THE ATLANTIC (EP)

THEMATIQUE:

« Death Diviner » fait écho à « Feverish » et « Desperado » et s’inscrit comme le dernier jalon de la trilogie « THE FEVERISH TRINITY » qui, selon le groupe, célébrerait LES DÉESSES DE LA MORT BABYLONIENNES. Leur approche musicale et philosophique pour ce nouvel EP ne ferme pas seulement le cercle de «THE FEVERISH TRINITY», mais invite également l’auditeur à plonger dans l’élément (quatre éléments: eau, terre, air, feu) le plus primitif: L’EAU. Cela dit, le fil rouge qui traverse tout le disque est la RELIGION. Son éviction pour nos propres divinités, si le besoin s’en fait ressentir. Mais si nous ne le faisons pas, nous devrons accepter le fait que nos vies soient essentiellement dénuées d’intérêt. A moins que nous ne puissions trouver le sens à notre existence et nous sentir épanouis, malgré tout.

NOTE: 9,5/10.

PAPABORDG POUR LOUD TV.

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