Kreator est en colère
Cela faisait 5 ans que l’on attendait le retour de nos allemands énervés. 5 ans après le tonitruant Gods Of Violence, Kreator revient avec Hate Über Alles, produit par Arthur Rizk (Code Orange, Cavalera Conspiracy, Soulfly….). Alors cet album, je l’attends pour trois raisons principales. D’une part, je suis un inconditionnel du groupe, d’une autre, j’avais adoré Gods Of Violence. Et enfin, le côté chauvin, il s’agit du premier album enregistré avec Frédéric Leclercq (ex-Dragonforce, Sinsaenum).
Ne nous y méprenons pas, nos teutons ont l’habitude de prendre position sur des sujets de société, et on ne dérogera pas à la règle ici. Clairement, Kreator annonce une déclaration contre la haine et la division dans le monde d’aujourd’hui.
Dans le vif du sujet
Démarrons tout d’abord avec cette superbe pochette. La mise en bouche réalisée par Eliran Kantor (Testament, Soulfly, Helloween….) nous met dans l’ambiance. On ne peut pas dire que Kreator nous a ménagé jusque la visuellement. Alors une fois les présentations faites, laissons nous embarquer par Hate Über Alles.
Les quelques notes acoustiques de Sergio Corbucci Is Dead nous annoncent forcément une épopée. Pour ceux qui ne connaissent pas Sergio Corbucci, je vais la faire courte. Dans le Western Spaghetti il y’a 3 Sergio : Sergio Leone, Sergio Sollima et Sergio Corbucci (Django, Le grand Silence….). 3 légendes du genre qui ont marqué le cinéma.
Quelques notes qui nous emmènent directement au combat avec l’incisif Hate Über Alles. Nos allemands n’y vont pas par quatre chemins pour nous marteler. Le titre est ultra efficace avec un refrain très accrocheur. On reconnait sans problème la patte Kreator avec un Ventor qui ne se ménage pas derrière ses fûts. Et pour éviter de nous ramollir les guiboles, ça envoie les missiles direct avec Killer Of Jesus. Le titre est bien sur très provocateur, et Mille Petrozza s’égosille sur ses parties scandées. Parfois peut être un peu jusqu’à la rupture.
Soyons lourds, soyons puissants
C’est à coup de rythmique à la fois tribale et martiale que s’invite Crush The Tyrants. Ce sera le fil rouge de ce titre qui donne cette impression de domination d’une élite. L’image est assez claire avec une impression d’ordre donné au petit peuple. Alors un peu de légèreté après tout ça, sans mauvais jeu de mot. Car Strongest Of The Strong parle de Patrik Baboumian, célèbre homme fort Germano-iranien. Ce gars, outre ses exploits sportifs, est connu pour être Vegan et ses prises de position auprès de PETA notamment. Le titre est un véritable tube et devrait s’installer confortablement dans le temps.
Et si vous aimez les ambiances un peu plus heavy, Become Immortal propose une ambiance plus conquérante. Un relent à la Maiden sur la rythmique nous met en jambes. Bon, ça reste du thrash, car la voix de Mille nous rappelle qu’il n’est pas là pour faire du Dickinson. En revanche le solo bien placé apporte son côté épopée fantastique.
Un peu de Thrash dans ce monde de brutes
Quelques notes aériennes entament Conquer And Destroy. Bon, ça ne va pas durer. On part à 200 à l’heure assez vite. Cependant, lorsque j’écoute ce titre, j’ai beaucoup de mal à m’enlever de la tête Totalitarian Terror du précédent album. Alors, ça fonctionne, mais j’ai sans cesse cet effet de « déjà vu » comme dirait Bruce. Alors filons droit vers Midnight Sun. Bon, la ça va surprendre. Outre le riff principal qui me rappelle outrageusement un riff dont je ne me rappelle plus l’origine (et ça a le don de m’agacer), nous avons la surprise de découvrir la voix de Sofia Portanet. Si vous ne connaissez pas, il s’agit d’une chanteuse de New Wave. Alors la, je dis clairement NON. Je n’ai aucune envie d’entendre ça, non pas pour la collaboration, mais vraiment pour la manière dont ça s’incruste dans le morceau. Pour moi ce titre est vraiment à oublier.
Alors filons vers Demonic Future. On se rassure un peu plus avec les triolets usuels du groupe et ses p’tites envolées guitaristiques. Cela ne révolutionne rien mais ça fait passer la pilule du précédent morceau.
Pourvu qu’elle soit douce
Kreator nous habitue désormais avec ses intros feutrées infantilisantes. En ce qui me concerne, j’aime bien, et ça annonce souvent un titre qui butte derrière. C’est donc de cette manière que débarque Pride Come Before The Fall. On en a pour tous les goûts, entre solo démentiel et batterie ravageuse. On entame gentiment, on termine sur un char lancé à pleine vitesse dans un champ de bataille dévasté.
C’est d’ailleurs dans cette ambiance chaotique que Dying Planet achève cet album. Forcément, le titre est évocateur et ne laisse pas de place à l’optimisme. Les allemands nous invitent dans la plus grande des lourdeurs sur un titre mid tempo. C’est assez suffocant à vrai dire. 7 minutes d’une peinture sombre de notre planète, et ils nous abandonneront la dessus.
Jusqu’au dernier souffle
J’ai eu beaucoup d’interrogations avec ce dernier Kreator. La première écoute m’a fait mauvaise impression en toute sincérité. Des titres comme Hate Über Alles ou Strongest Of The Strong fonctionnent tout de suite d’ailleurs. Donc j’ai écouté, réécouté….. Un très grand nombre de fois pour comprendre tout ce qui s’passe. Je comprends la démarche d’un tableau noir de notre monde et notre société. les titres sont vraiment sombres, plus qu’à l’accoutumée. En revanche je trouve la production de Arthur Rizk trop opaque avec une lumière un peu trop forte sur la voix de Mille Petrozza. Celui ci nuance moins ses hurlements que par le passé, et plutôt désagréable parfois. Cependant, la première moitié de Hate Über Alles est accrocheuse avec son lot de riffs décisifs et refrains bétons. Néanmoins, la deuxième partie de l’album s’essouffle et traîne en longueur pour moi. Entre le choix douteux pour Midnight Sun et les déjà entendus de Conquer And Destroy et Demonic Future, je décroche.
J’insiste toutefois que malgré ces points, techniquement, les types sont des machines, y a rien à dire. Il s’agit tout de même d’un album de qualité avec une thématique bien marquée, mais vers lequel je me tournerai peu sur la durée.
Sortie le 10 juin 2022 chez Nuclear Blast
https://www.kreator-terrorzone.de/
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