Le Black Metal français dans son plus bel écrin
Il aura fallu 8 ans de silence après The Howling Spirit pour permettre à Seth de nous délivrer La Morsure Du Christ. Autant dire que cet album était attendu par bon nombre d’entre nous avec l’envie de découvrir un album avec un line up très différent. Si effectivement Heimoth (Guitare) est toujours aux manettes, accompagné de Alsvid (Batterie) et Cyriex (Guitare), nous découvrons Saint Vincent au chant en compagnie de EsX à la basse et Pierre Le Pape aux claviers.
D’ailleurs, la présence de Saint Vincent est capitale, dans le sens où il est l’auteur des textes. Car oui, les textes en français sont de retour chez Seth !
Mais l’emprunte française ne s’arrête pas la, puisque la première rencontre que nous faisons avec cet album, c’est bien sa pochette. On peut sans complexe parler de merveille avec la Cathédrale Notre Dame en flamme et sa flèche, comme un symbole marquant, qui chute. Cet artwork est signé Leoncio Harmr, artiste basé à Bordeaux, coutumier de ce genre d’atmosphères.
L’élégance à la française
On peut avoir plusieurs attentes au niveau du Black Metal. Si cette frange du Metal se veut élitiste, elle n’en présente pas moins des différences au sein même de sa caste. On se rattache aisément à nos vieux souvenirs de K7 au son dégueulasse enregistrées dans une cave moite. C’était même un gage de qualité dans les années 90, même début 2000. Mais certains protagonistes ont voulu habiller la musique du Diable de ses plus beaux drapés. C’est le cas de Seth qui a fait appel à Francis Caste pour travailler ce son orchestral et élégant.
Une emprise directe
La Morsure du Christ se compose de sept titres, et deux en compléments en versions instrumentales. Et ce que l’on peut dire c’est que dès les premières notes on se laisse embarquer dans une atmosphère gigantesque et romantique. Une envie de se laisser séduire et entamer une danse avec le Diable est de mise.
En effet, tout démarre avec le titre éponyme qui nous rappelle les meilleures années de Diabolical Masquerade ou même certaines approches à la Dissection dans les riffs. La dimension grandiose des claviers apporte tellement de hauteur à la musique. Mais ne nous y méprenons pas, le chant en français est une caresse malsaine à nos oreilles. Chaque mot prend un sens profond, surtout lorsque le silence se fait. « Je suis le tentateur » écorché dans un maléfice me berce encore.
Un bijou diabolique
Décrire un tel album en quelques lignes est assez périlleux. En effet, Seth est si proche et si loin de son mythique « Les Blessures de l’Ame ». Toutes les notes, orchestrations, regorgent de détails parfaitement maîtrisés. La manière dont Saint Vincent prononce chaque mot a une véritable importance. Métal Noir vient clairement du plus profond des Enfers. Son chant est particulièrement malsain et habité.
Et l’ensemble de l’oeuvre de Seth n’ira pas à l’encontre de mon impression. Si le titre Ex-Cathédrale nous emmène dans l’univers de Notre Monument à la manière d’un hommage, l’Hymne au Vampire (Acte III) nous replonge dans l’univers du Malin.
Nous avons affaire à chaque instant à une invitation à la tentation. Dans chaque interprétation, Seth vient nous séduire dans le côté le plus noir de notre personne.
Le Triomphe De Lucifer vient clôturer l’aventure séduisante de nos français dans une ôde à l’Ange déchu. Le tout se termine par quelques notes majestueuses d’orgue avant de nous rappeler en version Synthé les excellents « Les Océans du Vide » et « Sacrifice De Sang ». Comme si nos hôtes venaient cueillir notre dépouille dans notre petite Mort.
Une pépite au Royaume des Morts
Il est évident que nous sommes face à un chef d’oeuvre. Si l’univers Black Metal aujourd’hui est tourné beaucoup plus sur le Post ou Avant-Garde, Seth vient ré-apporter ses lettres de noblesse à un courant élégant. La Morsure Du Christ doit se délecter, se savourer, s’apprécier avec délicatesse et malice. Il est rare de trouver une telle perfection dans les intentions, l’écriture, l’interprétation et la production dans un même album. Sans hésiter cet album fait figure d’incontournable pour l’année 2021. Difficile de dire autre chose que : Cet album est un bijou !
Vous m’excusez…… J’y retourne.
Sortie le 7/05/2021