
Il est des évidences qu’il peut être de bon ton de rappeler : la vie n’est jamais un long fleuve tranquille. Mais que dire quand on est un groupe de metal , qui plus est chante en français ! C’est le cas de StuBoRa, groupe originaire de Bar-Le-Duc qui a déjà pas mal roulé sa bosse et qui revient cette année avec un nouvel opus qui met en exergue la sensibilité et le ressenti de ses musiciens.
Bonjour Stubora, vous avez sorti votre nouvel opus le 27 octobre, pouvez-vous vous présenter et me raconter l’histoire du groupe ?
Niala : Je suis Niala, le batteur, et je suis arrivé en 2014. Cyril a fondé le groupe en 1996, Mick l’a rejoint un peu plus tard. A l’époque le style musical était différent. En 2016, on a sorti l’album « Résurrection ». Ce nom indique qu’on a voulu prendre une autre direction.
Cet album a vraiment marqué un tournant dans votre carrière ?
Cyril : On dit souvent qu’on a un avant et un après, puisqu’il a officialisé le line-up actuel. Son titre résume notre situation d’alors et il nous a permis de relancer la machine après une période de stagnation.
Tu le disais Cyril, le groupe a beaucoup évolué. Quels regards portez-vous sur cette évolution ?
Cyril : Ça fait partie de notre volonté de donner le meilleur de nous-même. Chanter en français a été important pour nous à l’époque.
Le message passe plus fort en français ?
Niala : on est plus attendu au tournant !
Cyril : Il est surtout plus riche. Chanter en français intéresse plus les chroniqueurs et les interviewers. Quand on chantait en anglais, on n’avait pas « un mot » ou très peu sur nos textes.
Ça demande beaucoup plus de travail. Ecrire en anglais est plus facile parce que les sonorités de la langue s’y prêtent et c’est ce qui fait son succès. Le français a un côté nasal qui est plus difficile à exporter. Mais on peut jouer avec les mots et les expressions.
Comment se passe le processus d’écriture et de composition ?
Cyril : On compose d’abord la musique à la guitare et on écrit des morceaux qui sonnent bien pour nous. Pour cet album, on a composé ensemble et on a été beaucoup plus dans l’échange que pour les albums précédents. Je voulais aborder certains sujets qui collaient bien avec les sonorités et les ambiances. Mais c’est la musique qui nous drive avant tout.
Niala : Je ne participe pas à l’élaboration du morceau si ce n’est l’arrangement. Ce sont Mick et Cyril qui composent et écrivent. Les paroles me sont envoyées et je peux donner mon avis. On travaille à distance, chacun dans son home studio et quand les compositions sont plus ou moins abouties, on s’échange les fichiers et je viens placer le rythme. J’essaye de respecter au maximum ce qu’ils ont en tête.
Pourquoi « Ecorché Vif » ?
Niala : Il y a tjrs une part de notre ressenti et aujourd’hui, on constate que cette sensibilité est mise à rude épreuve et qu’elle est à fleur de peau.
Cyril : On écrit chacun de notre côté, sans se concerter, même si on peut avoir les mêmes thèmes comme « Passager du Temps » ou « So Sad ». Nos textes sont des émotions personnelles que chacun peut interpréter. Si par le passé les textes étaient beaucoup plus généralistes, on a eu envie de changer pour cet album avec des paroles plus directes. On sait qu’on a une voix auprès de ceux qui nous écoutent, mais on ne cherche pas à être revendicatifs, même si on peut écrire sur une actualité qui nous touche plus particulièrement.
Quant au titre de l’album, on essaye de trouver le dénominateur commun des textes, puisque le titre est la porte d’entrée de l’univers du groupe que l’on va découvrir.
On peut dégager 3 axes sur cet album :
- « Exode » qui rejoindrait l’actualité.
Cyril : C’est un texte qui a été écrit par Mick. Non pas en fonction de l’actualité, même s’il y a une résonnance particulière en ce moment. C’est l’histoire de nos familles qui ont connu l’exode.
- Un message à l’intention de la jeunesse avec « Ta voix » et « Nouvelle Génération » qui a un côté très « hymne » !
Cyril : Nouvelle génération, c’est ça !
Niala : c’est ça surtout sur l’aspect harmonique : les accords, la gaité de ce titre, le rythme, tout correspond… Ça doit se passer maintenant !
- Des morceaux plus personnels, comme « Again », « Passager du Temps » ou « So Sad ».
Cyril : C’est ce que je te disais, comme chaque être humain on fait des constatations, on a des ressentis. Mais on a aussi un vécu qu’on a envie de faire ressortir et d’extérioriser.
Je trouve que la musique est assez joyeuse, est ce plus facile de faire passer vos idées avec une musique enjouée ?
Niala : Dans toute composition musicale, il y a deux aspects : l’aspect harmonique c’est-à-dire, les accords et les notes et l’aspect rythmique. Se sont les riffs très engagés et puissants avec toujours cette petite envolée dans le refrain qui font le côté mélodique de Stubora. L’aspect rythmique, que je représente, vient soutenir tout ça en apportant comme « une armure ». Et c’est ce coté dynamique qui donne cette authenticité et ce coté plus positif.

Parlez-moi de votre artwork. Qui l’a créé et quel message avez-vous voulu faire passer ?
Cyril : Je voulais quelque chose de plus simple que pour les albums précédents. Alors, j’ai conçu cet artwork avec un côté écorché et un coté humain. Mick et moi sommes originaires de Bar le Duc où il existe une statue d’écorché. Comme je le disais on essaye toujours de trouver un dénominateur commun entre nos textes. Ils sont basés sur la sensibilité, et retranscrivent ce que chacun peut vivre aujourd’hui, et ce qui fait qu’on est écorché vif !
Et pourquoi la couleur bleue, ce n’est pas celle d’un écorché vif ?
Cyril : Elle représente la lumière, quelque chose de positif. L’intérieur est gris et quand on sort le livret qui est rouge c’est comme si tu tirais la chair de l’écorché !
Niala : J’ai beaucoup aimé le concept de Cyril d’un personnage à la fois écorché et « biomécanique » que tu retrouves au niveau de son cou. Je trouve que l’on vit dans une société de plus en plus robotisée, canalisée presque « lobotomisée ». Lequel de ces deux aspects, humain ou « robot » va l’emporter ? La question reste ouverte !
Dans votre prochain album ?
Cyril : ça c’est une bonne réponse !
Niala Pourquoi pas !
Comment s’est passé l’enregistrement ?
Cyril : Depuis « Résurrection », on a des homes studio qui nous permettent d’être indépendants et autonome. On a passé plusieurs moi sur cet album, ce qu’on ne pourrait pas pu faire dans un studio normal, parce qu’on n’aurait pas eu le budget. Ça nous permet d’avoir une plus grande liberté de travail.
Comment allez-vous défendre cet album ?
Cyril : je te donne nos prochaines dates :
Vendredi 3 novembre : Luxembourg (Vantage Bar)
Samedi 4 novembre : Bar le Duc (Game Bar)
Vendredi 17 novembre : Tréveray (Les 3 Vallées)
Samedi 18 novembre : Saint-Dizier (Orge & Houblon)
Samedi 6 avril 2024 : Reims (Dropkick Bar)