Sélim Hadriche nous parle de l’édition 2023 du Kave Fest

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Affiche 2023
Affiche 2023

A l’heure où j’écris ces quelques mots, le pèlerinage annuel des fans de metal a commencé vers les terres clissonnaises. Le HellFest, puisqu’il s’agit bien de lui, a acquis depuis quelques années ses lettres de noblesses. Sa notoriété, s’étend maintenant bien au-delà de son territoire primitif et a conquit un large public, toujours plus nombreux.

Cependant, il existe aussi, à travers notre beau pays, pléthore de festivals, moins connus, mais néanmoins tous aussi intéressants et palpitants. Des organisateurs, des bénévoles, des techniciens, et surtout de nombreux groupes se démènent pour faire connaitre une scène follement riche, variée et surtout extrêmement talentueuse.  Alors soyez curieux, regardez autour de vous, suivez les groupes et les orga et partez à la découvertes de ces pépites. Je vous promets que vous ne serez pas déçu( e)s. Je vous présente aujourd’hui, le Kave Fest. Il fait partie de ces festivals dits « petits » qui ne demandent qu’à prendre de l’ampleur et faire votre bonheur.

Bonjour Sélim, on se retrouve aujourd’hui pour parler de la nouvelle édition du Kave Fest, peux-tu revenir brièvement sur son histoire ?

C’est très simple : le Kave Fest, c’est l’histoire d’un festival qui a commencé dans le jardin de mes parents et qui se déroule maintenant dans le château de Gisors.

Chatou 2017 - Photo : Pics 'N' Heavy
Chatou 2017 – Photo : Pics ‘N’ Heavy
Peux-tu nous présenter l’édition 2023 ?

C’est l’année de la confirmation du festival dans le château. Nous avons une très belle affiche sur une seule scène. Myrath, Diablo Swing Orchestra, Black Mirrors, ten56, Resolve, The Dali Thundering Concept, seront les têtes d’affiches,  accompagnés de 14 autres groupes.

La particularité de ce festival est qu’il se veut très familial et convivial. Nous avons tout un village à l’entrée du site : tatoueurs, body paint, barber shop… Avec des partenaires qui ont pris de l’importance depuis l’année dernière, et des petits nouveaux. Il y aura aussi la brasserie locale et beaucoup de produits artisanaux.

2016/2023 quel regard portes tu sur ce parcours. D’ailleurs, je ne sais pas si tu te rappelles, mais lors de notre tout premier interview, tu nous avais dit que ton rêve serait d’acheter un château. Rêve presque réalisé ?

Je me souviens de notre discussion d’alors ! (sourires) Nous sommes loin de pouvoir acheter un château pour le moment. 2022 (première année sur le site de Gisors NDLR) a été légèrement déficitaire. Cela a été largement rattrapé par l’investissement des bénévoles, les préventes pour 2023 et le soutien de notre public. Nous avons tiré les leçons de cette première expérience, et la suite s’annonce très prometteuse.

Qui sait, l’étape suivante serait d’avoir notre propre lieu. On avait dit en 2016 que passer d’un jardin à un château serait pas mal. C’est fait (sourires) Tu me laisses encore 6 ans et peut être, officialiserons-nous notre propre lieu !

Kave Fest 2023 - Château de Gisors - Photo Bn.J.pix
Kave Fest 2023 – Château de Gisors – Photo Bn.J.pix
Comment es-tu arrivé à convaincre la ville de vous laisser investir le château ? Et pourquoi Gisors ?

Ce sont eux qui nous ont trouvé ! Nous avions tout d’abord pensé collaborer avec Châteauneuf sur Epte. C’est un petit château très sympa, géré par une association qui s’appelle « Héritage Historique » qui fait aussi l’animation du Kave Fest. Ils ont acheté ce château, le restaurent, et le font vivre, avec des ateliers de découverte de la forge, du travail du bois…D’ailleurs, ils recherchent des bénévoles…

J’avais travaillé avec eux au moment où on pensait s’agrandir. J’avais candidaté auprès de la préfecture des Andelys. Le maire Gisors de l’époque a vu notre candidature auprès de la préfecture. Il a été intéressé, et il nous a contacté. On lui a expliqué notre projet. Il nous a dit, dès 2020, qu’il était partant. Les deux éditions 2020/2021 ont été annulées pour cause de Covid. Il nous a toutefois gardé sa confiance. Il a été très satisfait de l’édition 2022 tant sur le plan de la sécurité, de l’entretien du château (qui n’a pas été dégradé), que des retombées sur la ville et ses habitants. On peut donc continuer avec la ville, avec l’objectif de faire encore mieux.

Quels sont les retours que tu as eu de la part de la population ?

C’est un vrai challenge et on est en train de voir comment entrer plus en contact avec les habitants. On a beaucoup de retours de la part de nos nombreux partenaires sur place. On essaye de travailler au maximum avec les commerces de la ville parce qu’il y a toute une vie locale et un éco système très important.  Il y a la brasserie, le barber shop, le fromager qui nous fournit en fromages et charcuterie. Il y a également le camping géré par la Fermette Bio de l’Epte, qui se situe à côté du château. On a également des personnes qui ont rejoint notre équipe de bénévoles. En ce qui concerne le public et les habitants, le bouche à oreille commence à faire son effet et je pense qu’ils seront au rendez-vous cette année.

Cet ancrage local est important pour toi ?

C’est nécessaire et pertinent pour tout le monde. Dans l’évènementiel, plus tu as de personnes qui te soutiennent mieux c’est ! C’est du gagnant/gagnant. Je pense que c’est le cas pour beaucoup de festivals en France, comme à Clisson où le HellFest a un partenariat très solide avec la ville depuis très longtemps.

Comment intègres-tu le Fest dans le site du château de Gisors sans « l’altérer », (d’ailleurs le jardin de tes parents est sorti sain et sauf de chaque édition !) Quelles sont les contraintes techniques et les obstacles à surmonter ?

La plus grosse contrainte c’est que c’est un château ! C’est un endroit protégé, qu’on ne peut pas investir n’importe comment. On n’a pas le droit de planter quoique ce soit dans le sol, parce qu’il est protégé. Les camions ne peuvent passer que par un seul chemin. Il faut faire très attention à l’intensité du son. On ne peut pas dépasser un certain nombre de décibels parce que cela fragilise les murs.  Ce qui nous convient tout à fait.

Animation Héritages Historiques - Photo Bn.J.pix
Animation Héritages Historiques – Photo Bn.J.pix
 Tu en parlais tout à l’heure, vous vous êtes associés avec Héritages Historiques. Peux-tu m’en dires quelques mots et est ce important d’offrir autre chose que deux jours de métal ?

N’ayant qu’une scène, nous avons des changements de plateaux donc des temps morts. Pour ma part, je pense qu’on ne peut pas avoir de la musique tout le temps, comme on pourrait le faire si on avait deux scènes. En ce qui me concerne et avec les retours que j’ai, les gens vont en festivals pour la musique mais également pour l’ambiance et l’expérience qu’on y vit.

On a la chance d’avoir une scène rock et metal extrêmement, riche, variée et talentueuse. Mais on ne sait pas proposer une expérience globale. Le HellFest et d’autres festivals ont été critiqués pour leur côté « mainstream », pour leurs choix artistiques plus ouverts. Mais, c’est une expérience que tout le monde veut vivre maintenant, fans ou non de métal. Pour ma part, je pense qu’il est essentiel d’offrir une belle expérience aux « non métalleux ». Cela nous permettra de faire perdurer cette musique et de conquérir de nouveaux fans.

Tous les autres festivals, qu’ils soient électro, rap… auxquels j’ai participé ont leurs communautés très soudées avec des ambiances très différentes. Ma préférée reste l’ambiance Metal. J’adore ce milieu parce que c’est une ambiance assez unique et je pense qu’il faut la mettre en avant. Non seulement par la musique mais aussi par notre état d’esprit.  C’est une communauté extrêmement chaleureuse, très sympa et drôle. Les images qui sont renvoyée aux non-initiés sont soit violentes, soit « beauf », souvent caricaturales et très loin de la réalité. Il faut mettre plus en avant ce côté convivial et bon enfant qu’on retrouve sur de nombreux fests. C’est ce que j’essaye de faire à mon modeste niveau.

Quel est votre modèle économique ? Avez-vous des subventions ?

Nous sommes 100 % auto financés. Cela représente beaucoup de travail, d’heures de négociations, et d’optimisations budgétaires. Nous n’avons pas de subventions pour l’instant, bien que nous en ayons fait la demande cette année. Nous n’avons pas encore de réponse, on va voir ce que cela donnera. On a pensé le festival pour qu’il puisse se débrouiller sans subventions.  Néanmoins, la mise à disposition du site par la ville nous aide beaucoup.

L’affiche est très éclectique. Tu as à cœur d’inviter des groupes qui avaient déjà participé

J’aime bien faire revenir un groupe chaque année. En 2016 on a eu The Dali Thundering Concept. Malemort revient cette année, ainsi que Out Of My Eye. On aime bien interagir avec notre public et connaître ses goûts, on l’a fait voter. Out Of My Eye était dans le top 3.

Certains groupes qu’on avait vus, il y a quelques années, ont évolué, ont de nouveaux projets, de nouveaux albums. S’ils nous ont séduits avant, ils nous reséduiront encore aujourd’hui. L’idée est également, d’apporter du sang neuf.  Il faut respecter un équilibre entre nos coups de cœurs et la nouveauté. 4 groupes sur 20 reviennent, je crois qu’on est dans les clous !

Dans tes rêves les plus fous, (sans considérations de budget ou autre) quels groupes voudrais-tu faire jouer ?

Je crois que tu m’avais posé la question l’année dernière et je t’avais parlé de Myrath, Jinger et Zeal et Ardor. On a le premier et c’est pas mal (sourires) Pour l’année prochaine, sans considération de budget (mais à l’échelle Kave Fest, restons réaliste !) je rêverais d’avoir Périphéry et Polyphia. Ils ont sorti un album chacun et il y aura probablement une tournée l’année prochaine. Le premier est parmi les pères fondateurs de djent, du métal moderne et leur dernier album est une tuerie. Le deuxième a fait deux Bataclan sold out ! J’aimerais aussi avoir Alcest, ainsi que Skindred. Ils ont sorti 4 singles, j’imagine qu’un album ne va pas tarder à sortir. Qui dit album, dit tournée et on va essayer de se placer sur les dates du groupe.

Il y donc quelques indications pour l’année prochaine (sourires)

J’ai déjà quelques pistes ! On ne pourra pas tous les avoir pour des raisons budgétaires, mais si on en avait deux parmi les noms que je viens de te donner, ce serait pas mal. Rendez vous les 8 et 9 juillet au château de Gisors, avec une affiche variée, éclectique et une ambiance familiale. On a toujours eu de la chance avec le temps, mais nous avons quand même prévu le coup pour nos équipes si jamais, il devrait pleuvoir. Cela ne devrait pas nous contraindre à annuler.

Kave Fest 2023 - L'équipe - Photo Bn.J.pix
Kave Fest 2023 – L’équipe – Photo Bn.J.pix

Je vais croiser les doigts pour vous.

Retrouvez toutes les infos sur la page facebook du Kave Fest 2023 : https://www.facebook.com/events/737190194376145/?active_tab=discussion

 

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