Mastodon hors norme
Qu’elle est lointaine l’époque où je découvrais Mastodon avec le clip de Blood And Thunder en 2004. Cette sortie de l’album Leviathan faisait grand bruit déjà, de par son originalité, son groove et sa puissance. Mais qui aurait pu imaginer le parcours de nos 4 gars d’Atlanta ?
Je me rappelle en ce temps, presque 20 ans, avoir été subjugué par le charisme et le talent de Troy Sanders. Surement parce que le bassiste savait attirer la lumière sur lui. Et je n’aurais eu de cesse que de suivre ses autres apparitions, notamment chez Killer Be Killed.
Alors forcément lorsque je me trouve en possession de Hushed And Grim, 4 ans après Emperor Of Sand, je ne peux que jubiler. Ce dernier marquait déjà une assise plus aérienne du groupe. Alors que vais je découvrir cette fois ci ?
Dans un premier temps, nos géorgiens nous proposent un double album de pas moins de quasi 1h30. Autant dire que l’on est à l’opposé des codes commerciaux actuels qui nous alimentent de goinfrerie musicale.
Alors la question est : Va t on absorber et digérer un tel volume musical sur un album ?
Avec le coeur
Avant de démarrer quoi que ce soit, remettons nous dans le contexte du groupe. Mastodon compose depuis de nombreuses années sous l’impulsion de drames personnels. Sur Hushed And Grim, leur manager Nick John, décédé en 2018 des suites d’un cancer du pancréas, fut leur source créative.
Il est évident que dans une telle atmosphère, il ne va pas falloir s’attendre à un album joyeux. Bien au contraire, on se retrouve plongés dans une ambiance étouffée et sombre…. Hushed And Grim. Une fois de plus, et toujours plus fort de son expérience, le groupe va s’exprimer avec le coeur et le tripes.
N’en doutons point, le combo américain va nous embarquer dans son monde et nous envelopper de toute sa chair.
Mastodon vous absorbe
Si les premières notes de Hushed And Grim démarrent sur un roulement de toms sur Pain With An Anchor, plutôt annonciatrices d’un bombardement de riffs violents, on se retrouve vite propulsés dans une ambiance très aérienne.
Les guitares de Brent Hinds et de Bill Kelliher nous envoient directement au dessus de tout ce qui est physiquement palpable sur Terre. La colère n’est jamais très loin évidemment. Mais vraiment ce qui me marque c’est cette légèreté de composition, notamment sur Sickle And Peace qui plane au dessus de nos têtes avec la voix envoûtante de Troy Sanders. Et les enchevêtrements de voix se marient à merveille en passant par le plus sombre More Than I Could Chew emmené par Brann Dailor et sa voix angélique. Car oui, si tu ne connais pas Mastodon, je te précise, le batteur est capable d’envoyer les notes les plus douces tout en martelant son kit.
Et tout en douceur, de la manière la plus naturelle qu’il soit, on se ballade sur des titres plus typés stoner comme The Beast, avec une énergie folle qui renifle l’authenticité, en passant par le titre qui me fait absolument vibrer d’émotion : Skeleton Of Splendor. Si la on ne tient pas un chef d’oeuvre de composition, je veux bien qu’on m’ôte l’ouïe sur le champ.
On en redemande
Si le premier volet de ce double album s’achève par les notes groovy et bien rythmées de Teardrinker et Pushing The Tides, on se dit…. Mais déjà ? Eh oui, on vient de s’enfiler le premier CD, et on se sent tellement bien dans cette atmosphère pesante proposée par Mastodon qu’on en redemande.
Alors si Peace And Tranquillity reprend l’élan énergique des derniers titres, rapidement on se reprend un câlin de profondeur d’âme et d’authenticité humaine avec tous les sentiments que cela inclue. Dagger, nous enlace et nous renvoie dans notre enveloppe corporelle personnelle, et on n’veut pas en sortir. Confortable comme une vieille pub Woolite à se blottir dans un pull en laine. Tout ceci est emmené à merveille avec Troy Sanders qui nous chuchote à l’oreille sur Had It All.
Encore une fois on se trouve transporté vers une insouciance infantile, loin de tout ce qui nous pèse. C’est d’un agréable infini.
L’authenticité des émotions
Après cette avalanche d’émotions procurées par nos quatre géorgiens, la fin de cette aventure sensationnelle ne désemplit pas. Tant l’énergie de Savage Lands nous remonte le coucou, que le côté vaporeux de Gobblers Of Dregs vient nous cueillir de nouveau au plus sombre de notre personnalité, avec ses atmosphères changeantes et multiples, à travers les chants de Troy et Brann. Et à la manière d’un sacre et d’une touche d’espoir et d’optimisme, Eyes Of Serpents ainsi que Gigantium nous apportent leur lot de lumière et d’ouverture extérieure.
Un chef d’oeuvre
Est ce utile d’en rajouter ? Bah oui, on en rajoute. Mastodon signe ici avec Hushed And Grim un album majeur, tant dans leur carrière personnelle que dans le paysage Metal. Hushed And Grim est un album qui vient vous cueillir au plus profond de votre être en vous rendant votre innocence.
Hushed And Grim touche à l’excellence.
Sortie le 29 Octobre
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