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Sandy du groupe Kwoon nous parle d’Odyssey

Band KWOON

 

A l’heure d’un monde fait de tumultes et de chaos, au moment où nul ne sait vraiment dans quelle direction aller, où les certitudes qui faisaient notre vie semblent s’effondrer, le désir est grand de trouver un refuge pour souffler un peu. Certains se réfugieront dans la nature, d’autres dans l’art. Et il y a ceux qui, entre introspection et partage, feront de leurs pérégrinations à travers la planète un magnifique carnet de voyage musical. C’est ainsi que Kwoon se livre entre émotion, imagination, et nostalgie avec cette envie furieuse de briser les limites de l’expérience humaine.

Bonjour Sandy, nous sommes ici pour parler du nouvel album de Kwoon : Odyssey, peux-tu tout d’abord te présenter et me présenter ton projet ?

Kwoon est mon bébé depuis près de 20 ans. J’en suis l’auteur et le compositeur. J’ai repris le projet il y a environ 3 ans après un stand-by qui a duré quasiment 8-10 ans. J’étais un peu fatigué des contraintes et des tensions inhérentes à la vie d’un groupe. Je me suis, alors consacré à mon activité pro qui consiste à faire de la musique pour des documentaires, des pubs et émissions de télé. J’écrivais néanmoins des trucs que je gardais pour moi et l’envie de recommencer est revenue, avec ce désir de refaire de la scène.

Comment as-tu rencontré ton nouveau line-up ?

C’est Katia (également bassiste de Los Dissidentes Del Sucio Motel – NDLR) qui est l’élément pivot de ces rencontres. Après avoir joué un peu partout en France, en Europe et dans beaucoup d’autres pays, j’avais envie de faire des concerts en acoustique chez les gens. Le contact humain est très important pour moi. J’ai donc envoyé des mails à ma fan-base de l’époque, pour leur proposer de venir jouer à domicile. Katia qui suivait le groupe depuis un moment,  a aimé ce concept.

On était resté en contact, et quand j’ai relancé l’aventure, je me suis d’abord adressé à Gregg son compagnon. Il est batteur dans Killing Spree et ça a matché direct ! C’est une machine de guerre et c’est exactement ce que je recherchais. Il a proposé à Katia qui est bassiste, claviériste et chanteuse d’intégrer Kwoon.

J’ai ensuite fait un casting pour trouver un guitariste. Il y a très longtemps nous étions 7 sur scène avec batterie/basse, clavier et violoncelle. Être si nombreux était trop compliqué et trop cher. Je voulais simplifier tout ça, même si c’est compliqué de passer de 3 à 2 guitariste. Katia me proposa alors Nico (guitariste de LDDSM – NDLR) à qui je fais passer un casting. Ça a matché tout de suite avec lui aussi. Il y a donc 2 « zozos » (rires) de LDDSM que tu connais bien.

 

Ecouter Odyssey , c’est feuilleter ton carnet de voyage très personnel, parce que c’est toi qui écris et qui compose.  C’est se plonger dans une bulle hors de tout espace/temps. Se balader dans un univers très riche d’imaginations, d’émotions, de nostalgie, de mélodies délicates, aériennes, ou encore oniriques. Il y a aussi ce piano qui donne envie de valser (White angels) ou qui introduit Nestadio (très beau morceau instru). Wolves qui mélange électro et cordes. C’est un vrai moment de grâce même si on a quelques morceaux plus sombres et noir comme Blackstar et Last Paradise avec sa batterie très martiale et qui est le reflet du monde. Et que dire du dernier morceau !  N’est-ce pas trop difficile de chanter la poésie et la beauté du monde sans être dupe de sa noirceur ?

Tu veux me faire pleurer ! (rires) D’habitude, les thèmes des morceaux sont faits par les guitares, j’ai voulu que sur Last Paradise, se soit la batterie qui prenne ce relais. C’est un des seuls morceaux qui raconte ce que je pense de la gouvernance mondiale.

Au risque de déplaire, moi qui suis ultra-sensible, j’ai trouvé que l’époque du Covid et du confinement était de la folie. J’avais l’impression que j’allais me pendre, que les gens étaient prêts à gober n’importe quoi. Tu as le droit de me dire que je me plante, mais je me disais « mais quelle connerie » ! Je me suis même fâché avec des amis. Mais effectivement, il fallait peut être faire attention à l’époque !

Ce morceau est une métaphore d’un monde post apocalyptique, dans lequel nous serions tous morts, tous devenus des zombies et qu’on reviendrait se venger en faisant la révolution avec des tambours. J’avais ce thème au fond de mes tripes et c’est pour ça qu’on sent sa noirceur.

 

 

Il y a aussi Blackstar dont le clip est très sombre. C’est le morceau sur lequel tu te permets de te défouler ?

Non, ce n’est pas un défouloir ! Je pense qu’au fond de moi, j’ai quand même un côté mélancolique qui s’entend. J’adore ce qui est triste et beau. Je crois qu’il y a un équilibre des émotions dans l’existence, parce qu’on ne peut pas être tout le temps joyeux ou triste. Je pense que l’album se partage entre les accords mineurs qui sont des accords tristes et les accords majeurs qui sont gais.

Mélancolie, certes mais qui ouvre des portes vers l’imagination. Pour ma part, je me suis laissée porter par ta musique, ça a été un moment de « lâcher prise » ! Comme « un peu de douceur dans un monde de brutes » ! (rires)

C’est vrai, même si ça dépend de qui écoute et de la sensibilité de chacun. Certains vont trouver que c’est triste et glauque.

 

 

On va revenir aux clips qui sont tous magnifiques ! J’ai adoré King Of Sea.

C’est mon petit bijou, celui-là.

C’est un petit bijou, oui, effectivement. Tu avais cette envie de faire un court métrage ?

J’adore la mer, c’est ma source d’inspiration n° 1 et je pense que ça s’entend sur Odyssey ! J’aime beaucoup les histoires des marins, celles des disparus en mer, et surtout celles des gardiens de phares. Je m’imagine à leur place, eux qui sont tout seuls dans la nuit avec des vagues de  15 m qui se fracassent sur le phare et il ne sait pas si le batiment va tenir ! Ça m’effraie et me fascine en même temps. J’ai donc lu plein de bouquins sur les phares de Bretagne et du Finistère et notamment sur celui de Tevenec qui a une histoire très forte. J’avais envie de jouer là-bas pour toucher les âmes et les esprits.

D’ailleurs, j’ai dormi sur place, il y avait 90 % d’humidité et je me suis tapé un rhume de malade ! (rires)

Je m’y suis filmé avec mon drone. A mon retour, j’en ai parlé à Stéphane qui est quelqu’un que je connais depuis 15 ans. Il a notamment collaboré avec Dionysos et Matmatah. Il a particulièrement flashé sur ce titre. Il a envoyé un dossier de 60 pages au CNC qui lui a accordé une subvention de 40 000 euros ce qui est exceptionnel et qui lui a permis de recruter une équipe qui a fait un super boulot. Je trouve que le clip devrait avoir encore une plus grande audience, non pas pour ma musique mais pour mettre en avant leur travail et celui de Stéphane.

Je trouve que l’image et la musique de King Of Sea se magnifient l’un et l’autre. Youth parle de la nostalgie et Jane qui est très surprenant de par son coté « western ».

C’était le but, de surprendre ! J’ai eu des connexions avec quelqu’un qui travaille à la Mer de Sable et on a tourné là-bas.

 Tu as mis en scène « des performances », sur les volcans, sur le phare de Tevenec, tu as envoyé ta guitare dans l’espace. Pourquoi ces défis, pourquoi cette envie de faire des choses « hors normes » et « hors les murs » ?

J’ai toujours adoré le danger et repousser les limites. D’ailleurs, je ne les repousse pas, je les brise ! Je déteste qu’on me dise « …mais normalement, il faut… » Non, si tu as envie de faire quelque chose, tu le fais et basta ! J’adore me frotter à la nature et sentir qu’on n’est pas grand-chose. J’ai envie de dire aux gens qu’il faut profiter et kiffer la vie, être gentil avec les autres et de faire ce qu’on veut. Parce qu’on est tout petit face à l’océan, aux montages ! Les catastrophes naturelles me fascinent, parce qu’elles nous montrent à quel point nous ne sommes rien.  C’est pourquoi le morceau que j’ai tourné sur l’Aiguille du Triolet, s’appelle : « Giant ».

Est-ce qu’il y a une démarche écologique dans ton choix de ces endroits très sauvages ?

Non pas forcément. D’ailleurs on m’a reproché mon bilan carbone quand j’ai envoyé ma guitare dans l’espace ! Comme j’aime voyager, je voulais principalement essayer de sublimer à ma manière et avec respect, ces paysages qui me parlent et qui m’inspirent, et rendre hommage à ces décors, et chanter pour eux.

L’expérience artistique est tous azimuts chez toi, auditive, visuelle, poétique, cinématographique (clips) performante (différents lives en extérieur), et donc technique est ce que tous ces différents univers sont aussi importants les uns et les autres pour toi ?

Je pense qu’il y a un côté cinéma. Beaucoup de personnes m’ont dit qu’il y avait un aspect cinématographique dans ma musique.  Ce n’est pas pour rien que j’adore les BO des films et les grands compositeurs. Ce sont des artistes pour moi. D’ailleurs j’ai toujours été un peu geek, j’adore les avions radiocommandés, et les drones que je trouve plus facile à piloter. Ce côté cinématographique est assez porteur. Le visuel est important et on va le développer de plus en plus sur scène.

Je trouve que ton univers se partage entre « Le Petit Prince » de St Ex de par ce côté onirique, et « Into the Wild » pour cette plongée dans la nature et cette solitude. Sont-ce de bonnes références ?

Oui, tout à fait. Pour l’instant, je n’ai pas encore mangé de l’herbe toxique ! (rires) Pour moi, la BO de Into The Wild est ouf et fait partie des 3 albums que je choisirais d’’emporter sur une île déserte ! Elle a ce côté très folk et en même temps elle est mélancolique. Et oui évidemment le Petit Prince. Mais un Petit Prince avec de la barbe et qui a vécu et bien grandit !

 

Kwoon - Odyssey
Odyssey
L’artwork est très onirique lui aussi. Je trouve que c’est une belle porte d’entrée dans ton univers entre Jules Verne et Méliès !

C’est vrai que je suis très baleine ! (rires) Il y en a une qui est volante sur la pochette et qui fait écho au premier album. J’avais mis un cri de baleine sur le morceau « Blue Melody » Je suis très aquatique, j’adore l’océan et l’espace. Du coup, je mélange les deux. Ta référence à Jules Verne me parle aussi.

Vous avez tourné à Istanbul, en Chine, récemment. Et comment on arrive sur ces festivals ?

Ils nous appellent !!

Ils vous appellent ? ? ?

Oui, et c’était incroyable ! D’ailleurs, j’ai reçu un mail hier d’un booker à Istanbul, qui m’a proposé la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. C’est drôle que pour un « petit » groupe indé comme nous de mieux marcher à l’étranger qu’en France !

Idem pour la Chine. Ils nous ont contactés en novembre 2023.  On a cru à une blague au départ. Mais ça s’est fait ! On a joué devant 5 000 personnes, ce qui était déjà génial pour nous. Mais le fest est deux fois plus grand ! Avec des moyens d’un énorme festival.

Ce qui était chouette c’est que notre team était hyper prête. J’ai hyper confiance en eux et je les adore !

Est-ce qu’il y a un choc des culture là-bas ?

Oui, ils sont très « asiatiques » ils réagissent avec respect ! L’accueil était fou ! On avait déjà vendu les 300 vinyles la veille et on n’en avait plus ! D’ailleurs les programmateurs sont restés en contact avec nous et veulent nous reprogrammer sur plusieurs dates.

 Dernière petite question. Une fois que tu auras joué sur Mars, qu’est-ce qu’il te restera à conquérir ?

(rires) L’Univers est encore assez grand pour que je trouve un truc. D’ailleurs, je rêverais d’aller à 10 000 m au fond de l’océan, dans un caisson  et  faire un concert sous l’eau !

Je ne suis pas du tout à court d’idées !

 

Affaire à suivre donc

Retrouvez l’interview de Stéphane Berla, réalisateur du clip King Of Sea : https://3dvf.com/redaction/interview-king-of-sea-les-coulisses-dun-clip-atmospherique-et-melancolique/

Retrouvez notre interview du groupe Los Disidentes Del Sucio Motel à propos de leur EP acoustique  « Breath »  : https://loudtv.net/breath-le-grand-bol-dair-de-los-disidentes-del-sucio-motel/

Retrouvez le groupe sur sa page https://www.facebook.com/kwoonmusic

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